J’ai devant moi des champs dont les vagues de blé
Parties de l’horizon se meurent à mes pieds.
Des rangs de peupliers montent là-bas sans fin
Vers les coteaux rougis de bruyère et de thym.
Un épervier planant au milieu des nuages
Semble faire voler, sous moi, le paysage
Où coulent, tantôt bas, tantôt haut, des arondes
Qui font comme un ruisseau bleu sur les moissons blondes.
Et partout des criquets, des grillons, des moustiques
Qui mettent les chemins de l’été en musique.
Et cependant, devant cette étendue immense
Où tout semble parler de grandeur, d’immanence,
C’est ce tout petit brin de mélilot jauni
Poussant ingénument entre deux cailloux gris
Qui m’émeut à tel point que je ne vois que lui
Si secret, si obscur sous ce grand ciel qui luit. |